Tortilla Podemos Canales Garcia |
LES RECETTES DE
MONSIEUR PATATE
LA TORTILLA PODEMOS
Pour faire une
tortilla de base, il faut des pommes de terre coupées en dés, les
faire revenir dans une quantité certaine d'huile, battre des œufs,
émincer finement des oignons, quelques pincées de sel. Une fois les
pommes de terre rissolées, les jeter dans les œufs battus, ajouter
les oignons et le sel, goûter et ajuster si nécessaire en sel et en
oignons. La préparation doit avoir l'aspect d'une soupe bien
épaisse. Il faudra alors la précipiter dans une poêle tapissée
d'un léger fond d'huile, rabattre les bords et attendre un certain
temps qui laisse le loisir de boire un coup et/ou d'essorer une
salade et/ou d'aller aux toilettes mais pas les trois en même temps,
selon qu'il faille déboucher le bouteille, effeuiller la salade ou
finir les mots croisés.
D'un geste appliqué
horizontalement sur la queue de la poêle, estimer la cuisson de la
tortilla qui doit se révéler solidaire d'elle même. Vient alors le
moment de la cascade, légèrement angoissant pour le néophyte :
le retournement de tortilla, car la tortilla est solidaire des deux
faces, tenant ainsi sa fière place, certains diront hautaine, au
dessus de l'assemblée des omelettes mineures. Le mieux sera de se
munir d'un plat dont la circonférence est supérieure à celle de la
poêle afin d'éviter les brûlures au troisième degré qui
résulteraient de l'idée saugrenue de se munir d'une soucoupe afin
d'effectuer le transbordement. Les pieds bien plaqués au sol
(assurez-vous d'être dans votre berticale), les bras souples,
apposez d'une main votre plat au-dessus de la tortilla, et de
l'autre, évaluez la pesanteur de la poêle, regardez-la en amie.
Faites en vous le vide, respirez calmement, vous êtes maintenant en
connexion avec le plat, la poêle et la tortilla. Tout doucement,
laissez monter du fond de votre être le mantra sacré qui fera de ce
quatuor un seul et unique élément : podemos, podemos,
podemos... Quand vous vous sentez suffisamment relié à l'univers,
bloquez votre respiration et imprimez à vos membres supérieurs la
torsion nécessaire au retournement simultané de la poêle et du
plat, (la simultanéité des mouvements est essentielle). Vous pouvez
accompagner le mouvement par un kiai de bon aloi, - en l’occurrence
un « olé» bien senti, bien que légèrement folklorique - cri
qui vous libérera des tensions occasionnées par la concentration.
Un « putain, fait chier, merde » ne sera pas considéré
comme de mauvais goût si vous vous êtes versé la moitié de la
tortilla sur la main, tout le monde comprendra.
Vous avez ici passé
le cap le plus difficile de la recette. Il ne vous reste plus qu'à
glisser tendrement la tortilla ainsi retournée dans la poêle
(n'oubliez pas de rajouter une lichette d'huile) et de vous resservir
à boire et/ou d'achever la salade et/ou les mots croisés. Vous
devrez arrêter la cuisson avant que ça ne sente le brûlé. Voilà.
MONSIEUR PATATE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire