dimanche 4 septembre 2016

LE DIABLE ET LA COCCINELLE

LE DIABLE ET LA COCCINELLE

Je plumais les ailes d’un ange
Quand il est apparu sur le balcon
Il a soulevé sa frange
Il n’a même pas demandé pardon
S’il vous plaît, je suis malade
J’ai des cornes qui poussent sur le front
Auriez-vous quelques pommades
Ou au pire, un soda-Picon ?

Vous effrayez mon iguane
Lui répondis-je sans monter le ton
Si vous Tarzan, moi pas Jeanne
Je ne marche pas aux apparitions
Et j’allais passer à table
Je finis de farcir un Eloim
Vous seriez assez aimable
De ne pas gâcher mon régime
Dessin de Polly Nor

Moi, je n’attendais rien du ciel
Ils m’avaient rayée de leur clientèle
Écrasée la coccinelle
Plus dans les papiers du Père Éternel
Je comptais pour des prunelles

Puis il a lâché son crâne
En un geste il avait tourné la page
Il a calmé mon iguane
On s’est assis à côté du chauffage
Vous avez une belle âme
Que je sois damné si jamais je mens
Aussi voulez-vous madame
Me la confier pour un moment

J’en ai connu des pirates
Des voleurs de cœur, des jeteurs de sort
Mais aucun n’avait son charme
Aucun n’avait eu le regard si fort
Nous sommes passés à table
Nous avons croqué dans le blanc de l’ange
Depuis j’ai jeté au diable
Mon ennui et mes longs dimanches

Moi qui n’espérais rien du ciel
Je me rafraîchis aux flammes éternelles
Mon amour de coccinelle
Ne bat plus de l’aile et je me sens belle
Dans le feu de ses prunelles

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